Le mariage UE-OTAN reflète une mentalité de guerre froide
Le mariage UE-OTAN reflète une mentalité de guerre froide
Le 10 janvier 2023, les dirigeants de l’OTAN et de l’Union européenne ont signé une nouvelle « déclaration conjointe sur la coopération UE-OTAN » *.
Elle fait suite aux déclarations précédentes de 2016 (à Varsovie) et 2018 (à Bruxelles) visant à renforcer le partenariat stratégique UE-OTAN.
En réalité, ces déclarations renforcent la militarisation de l’UE, confirment le rôle prépondérant des États-Unis à travers leur position de leader au sein de l’OTAN, font obstacle aux architectures de sécurité alternatives sur le continent européen et sapent les politiques de sécurité autonomes et/ou neutres de certains pays de l’UE qui ne sont pas membres de l’OTAN.
Dans cette déclaration, les deux institutions basées à Bruxelles condamnent à juste titre l’invasion de l’Ukraine par la Russie, mais omettent de reconnaître le rôle pernicieux de l’OTAN et des États-Unis dans la détérioration des relations avec la Russie après la guerre froide, comme l’expansion de l’alliance militaire vers l’est, la construction d’un bouclier antimissile en Pologne et en Roumanie et l’annulation par Washington de plusieurs traités bilatéraux de désarmement.
Cette déclaration intervient à un moment où les défis sécuritaires sont importants, avec une escalade imminente de la guerre en Ukraine, dans laquelle l’OTAN a pris des engagements de grande ampleur en matière de soutien militaire et de fournitures d’armes à l’armée ukrainienne.
Alors que la déclaration de 2018 saluait “l’accord politique visant à accorder une plus grande priorité à la sécurité et à la défense” dans l’Union européenne, le langage de la nouvelle déclaration est conçu pour renforcer la primauté de l’OTAN. Selon la déclaration, l’OTAN est “le fondement de la défense collective de ses alliés et essentiel pour la sécurité euro-atlantique.” L’OTAN et donc les Etats-Unis auront un rôle plus dominant dans la politique de sécurité européenne, érodant l’ambition de l’Europe pour plus d’autonomie stratégique.
Donner à une “alliance nucléaire” autoproclamée une place plus centrale dans la politique européenne de sécurité et de défense entraîne l’Europe dans la stratégie d’armement nucléaire de l’OTAN sous le parapluie nucléaire américain.
Le mariage entre l’OTAN et l’UE affecte également les relations avec la Chine. Pour la première fois, il est fait mention de la Chine, dont “l’affirmation croissante et les politiques présentent des défis que nous devons relever”, alors que la boussole stratégique de l’UE (2022) considère également la Chine comme un “partenaire de coopération”. De plus, la présidente de la Commission Européenne Ursula von der Leyen a affirmé dans son intervention que la Chine ne constitue pas seulement un défi, mais aussi une menace pour l’Europe.
Le Comité international de coordination du réseau “No-to-War No-to-Nato” condamne la mentalité de guerre froide de cette déclaration qui prône la confrontation et la poursuite de la militarisation de l’Union européenne sous la direction des États-Unis.
Au départ, l’Union européenne était un projet “fondé sur des relations pacifiques”. Le traité de Lisbonne (2007) a poussé l’Union européenne dans une direction militariste il y a une décennie et demie. Le poids croissant de l’OTAN pousse la politique de sécurité de cette UE militarisée dans une direction encore plus agressive, avec un rôle implicite croissant pour les armes nucléaires.
L’UE devrait avant tout développer une politique de sécurité de nature civile vis-à-vis de ses voisins et à l’échelle mondiale. Il faut pour cela œuvrer à une architecture de sécurité différente pour le continent européen, fondée sur le principe d’une sécurité collective indivisible, au cœur de laquelle le désarmement retrouve sa place ainsi que l’investissement dans la sécurité humaine.
Comité International de Coordination du Réseau international
NON à la GUERRE – NON à l’OTAN, 17 janvier 2023