Nous constatons avec inquiétude l’escalade actuelle des tensions dans la péninsule coréenne et sommes catégoriquement opposés à toute menace d’agression, proférée par quelque Etat que ce soit, en particulier si elle implique un usage potentiel de l’arme nucléaire. Nous dénonçons le fait que l’utilisation de l’arme nucléaire puisse constituer un mode de conduite des relations internationales. Si une situation devait se dégrader et en arriver à l’usage de l’arme, ce serait les citoyens des pays impliqués, des civils innocents, qui en souffriraient le plus. Nous pensons que les jeux de guerre et les déclarations guerrières, présents chez toutes les parties au conflit, menacent la sécurité de la région et la sécurité internationale.

Nous condamnons donc les actions et la rhétorique des tous côtés. De tels comportements mènent à une militarisation systématique de la région et sert des intérêts géostratégiques de long terme (encerclement de la Chine) et pourraient conduire à une militarisation (nucléaire) du Japon, une augmentation du nombre de bases militaires, et à la création ou l’intensification d’alliances militaires – une OTAN encore élargie – dans la région de l’Asie pacifique. Cette rhétorique et les actions militaires qui l’accompagnent sont une manière, pour les Etats possesseurs de l’arme nucléaire, de légitimer la modernisation de leur arsenal et pourraient mener les autres Etats à une course aux armements et à la prolifération, mettant en grave danger l’équilibre fragile du Traité de Non prolifération. Aucun Etat ne devrait posséder d’arme nucléaire. Celle-ci devrait être définitivement abolie. En outre, le conflit actuel dans le Pacifique permet de légitimer la poursuite du déploiement du système de défense anti-missile.

Nous condamnons les actes et les déclarations agressives de la Corée du Nord, ce sont des actes de guerre et en aucun cas de dialogue et de paix. Les manœuvres militaires conjointes de la Corée du Sud et des Etats-Unis près des côtes nord-coréennes sont également des actes d’agression et de provocation. Si cela continue, un conflit pourrait éclater, qui serait catastrophique pour la région. Le dialogue, la négociation, et des pas immédiats vers le désarmement – dans les paroles et dans les actes – sont des nécessités impérieuses.

Les menaces croisées dans cette zone ne sont pas une nouveauté, mais elles ne peuvent qu’aggraver une situation déjà précaire. Et si une des parties prenait les menaces de l’autre trop au sérieux, le monde pourrait se voir entrainé dans une irréversible destruction et guerre nucléaire. Nous enjoingnons les parties au conflit à prendre conscience des enjeux. Il est temps que les Etats cessent de parler et de menacer, pour engager véritablement un processus vers une culture de dialogue et de paix. Nous ne progresserons pas vers un monde plus juste tant que nous ne rejetterons pas l’usage de la force comme option première et que nous ne travaillerons pas, au contraire, au respect et à une meilleure compréhension des réalités et de la culture de l’autre. Une fois de plus, la situation montre clairment que tant que les armes nucléaires perdurent, le monde courre à sa perte.

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